Éditorial

En attendant Noël : jusqu’au bout du deuil.

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Nous sommes en chemin…

En attendant Noël : jusqu’au bout du deuil.

Avec le mois de novembre nous voilà arrivé au-devant de l’hiver.

La nature sommeille, la lumière se retire tout doucement et nous irons fleurir les tombes de nos aïeux, geste de reconnaissance envers celles et ceux qui sont à l’origine de notre histoire. C’est le temps du silence, du souvenir et du recueillement. C’est bien la moindre des choses que nous leur devons.

Ce temps particulier, souvent difficile car il nous rappelle la mort de nos proches, est pourtant un temps nécessaire : celui qui laisse du temps au temps, celui qui nous redit combien la vie a besoin de temps pour panser les plaies : le temps du Passage.

Nous sommes dans un monde où il devient impossible de laisser le vide nous envahir, d’oser l’ennui et la tristesse, de prendre le temps.

« On » ne cesse de le dire, le temps c’est de l’argent, l’ennui une honte et le vide nous fait peur. Il est donc nécessaire que tout aille vite, que tout soit rempli et que nous accédions à l’éternelle jeunesse. Le transhumanisme devient la nouvelle religion, certains vendent un corps sain et jeune, d’autres essayent de façonner l’immortalité.

Oui, vieillir fait peur car la mort est là.  Pour l’instant, nous ne pouvons pas nous défaire de la mort ; elle demeure cette séparation ultime qui continue à nous coûter des larmes.

La mort, une rupture, une séparation, comme tant d’autres ruptures dans nos vies et donc tant de choses de la vie à reconstruire. Ce n’est pas tant tomber qui est grave mais ne plus arriver à se relever, à ressusciter.

Pensons alors les choses autrement. Et si vivre devenait « un droit » à vieillir et donc à mourir, dignement si possible. Car au seuil de nos tombes, dans la nuit de l’hiver, se tisse en secret le maillage de nos Pâques, de notre passage vers l’autre rive.

Nous voici une fois de plus arrivés en novembre, face à l’hiver de nos vies, passage obligé qui ouvre sur le temps de l’Avent, lequel suggère une autre séparation : celle de la naissance, de l’éclosion de la vie.

Et tout commence ici et maintenant. Au vieillard succède l’enfant, à la mort succède la vie. Car nous mourons et nous naissons. C’est bien, je crois, ce que suggère l’Évangile.

L’enfant à naître est cette promesse faite à l’humanité face à sa ruine naturelle et perpétuelle.

Et même lorsque la vie peut nous sembler devenir impossible à vivre, au cœur même de cet « impossible » nait un enfant,

Un enfant est donné par grâce. Un enfant, comme toute naissance, porteur d’espérance et d’une promesse d’avenir.

Et dans l’enfant de Noël, l’au-delà apparaît ici-bas. Là où nait un enfant, une vie renaît.

Là où nait un enfant, une vie, quelque part, se répare, se construit et se reconstruit.

C’est peut-être bien pour cela que Noël est toujours aussi beau.

Beau chemin vers Noël

Claude Horviller